J’ai vécut dix huit années entre ces murs humides, ces cuillères de foie de morue et ces cris sans cesse. Ce fut ma maison, mon foyer pendant toutes ces années et encore aujourd’hui, quand j’y passe la porte, je revis mes années de gosses. Miss Margot s’en rappelle sans doute aussi bien que moi. Cette religieuse moderne qui troqua, il y a bien longtemps, les chants religieux et moments de prières pour les hurlements de gamins et heures d’études, a pendant ces années côtoyé de véritables diablotins car oui je n’étais pas seule, bien heureusement pour moi, malheureusement pour les autres. Tel le surnom que nous nous étions donnés, les garçons perdus dont je faisais partie, faisait tourné la tête à ces nurses remplis d’affections pour des gosses laissés pour compte. Miss Margot fut comme une mère pour nous, et bien que d’autres nurses aussi sympathiques soient-elles, elle devint peu à peu la mère que je n’ai jamais eu. Encore aujourd’hui, je la considère comme telle. Elle est l’un des membres de ce que je considère comme ma famille. Il y a notre maman et puis mes frères et sœurs, c’est ainsi qu’on appelait les autres orphelins mais seulement quelque uns ont réussis à avoir le réel titre de frères. C’est pendant ces années que les garçons perdus se sont construits. Quatre, quatre gamins qui ont marqué l’orphelinat tel les Maraudeurs ont tagué Poudlard. Qu’est-ce qu’on a pu le retourner cet orphelinat. Entre faire hurler Miss Margot au point qu’on l’entende jusqu’au bout du couloir, dévaliser le frigo de l’orphelinat en se faisant un repas de roi après avoir été privé de diner, ce nombre de copie double utilisés pour faire face aux punitions, ce chat qu’on a pu faire flipper au point qu’il frise la crise cardiaque et qu’il nous crache dessus quand il nous voyait, sale bête ! Oh oui lui aussi il en a subit des choses. Et puis il y eu un peu de douceur dans notre monde de brut, celle qui pris la relève une fois nos dix huit années passés : Elisabeth, qu’on appelait tous Lily. Elle aussi faisait partie des garçons perdus, malgré la différence qu’elle avait avec nous sous sa jupe. Petite française laissée pour compte, elle nous rejoignit vers ses dix ans et s’imposa vite dans notre petit groupe. On battu en retraite par son charme de petite bourgeoise et son caractère bien trempée, devenant alors la petite sœur de tous, ou presque.

Puis une autre femme débarqua dans ma vie quelques années plus tard. Contrairement à la première, elle avait une famille. C’est au collège que je l’ai rencontré et par son style bien à elle, elle me tapa dans l’œil. Roublarde, rebelle et si atypique, il ne pouvait en être qu’autrement, on était fait pour être ensemble. Orlane fit naître en moi des sentiments que je ne connaissais pas, ces sentiments que seule une fille pouvait faire naître chez un garçon. J’apprendrais par la suite que l’on ne parlera pas d’amour entre nous mais d’attachement, de fusion. Elle était le « moi » au masculin, me connaissant par cœur, à tel point qu’un regard lui suffisait pour me comprendre, connaitre mes pensées, mes sentiments. Il n’est donc choquant pour personnes qu’aujourd’hui nous sommes encore ensemble, dans ce couple si atypique, si libertin, n’appartenant à aucun de nous deux.