2013
La situation familiale était pesante, mais maintenant j'avais bien un objectif en tête pour ne pas y penser : Wheeler Compagny était en train de progresser au niveau économique et je n'étais pas peu fière de mon travail. Saoirse voulait partir habiter avec son fiancé crétin, car oui même si j'avais dis non elle ne m'avait pas écouté. A croire qu'elle voulait à tout prix avoir le cœur brisé. J'avais profité du midi, pour prendre une pause déjeuner assez longue. Je lisais tranquillement mon journal. Depuis que j'avais enfin pris une place dans la société, je me sentais mieux. Loin de l'enfermement dans ce manoir familial. Je m'étais épanouie et pourtant je n'arrivais pas à passer au-delà des regards des gens. Je savais que par moment on m'épiait. Pourquoi ? Car j'étais différente ? J'avais laissé un généreux pourboire et j'étais sortie dans la rue. Il neigeait. J'étais en robe, seulement en robe, même pas un gilet par-dessus. Oui, j'étais vraiment bizarre aux yeux des gens. « Mademoiselle ! » Sans doute un autre type qui allait me traiter de malade ! Je ferma les yeux un moment avant de me retourner. « Vous avez fais tomber ceci. » Fit-il en me tendant un de mes gants blancs. Mes gants dont je protégeais mes mains. Je ne touchais jamais personne de ma propre peau, comme par peur de voir de l'effroi dans leur regard. Je le pris délicatement, ne voulant en aucun cas toucher la peau du jeune homme. « Merci... » Je me retournais afin de continuer mon chemin. « Attendez ! » Il me prit par le bras et par un réflexe, je le repoussa. Il l'avait senti, j'en étais sûre, vu les yeux qu'il avait. « Je....je... » Je ne finis même pas ma phrase que je partis en courant. Il avait ressenti ce froid glacial de ma peau. J'en étais persuadée. J'avais couru assez vite jusqu'à l'entreprise avant de monter dans mon bureau et de fondre en larmes. J'avais encore cette peur, cette peur d'être vu comme un monstre.

2014
« Gwen... Gwen ! » Je sortis de mes pensées en regardant ma meilleure amie. La seule personne qui ne me traitait pas différemment ; On se connaissait depuis l'école primaire. « hum, quoi ? » Je la regardais boire un chocolat chaud, boisson que j'avais toujours détesté, rien que l'odeur me donnait des nausées. Je préférais nettement les boissons froides et c'était pourquoi j'étais en train de boire un thé glacé... en plein hiver. « Je crois qu'il y a un mec qui craque pour toi. A huit heures. » Elle avait un sourire malicieux aux lèvres et je tournais un peu le regard pour voir qui c'était. Oh mon dieu. C'était lui. LUI. Il se levait de sa place pour s'approcher. Panique. Panique. Maddie se levait de la table. « Qu'est ce que tu fais ?! » « Quoi ? Je te laisse avec lui, en plus il est carrément sexy ! Good luck ! » Je restais bouche bée. Elle avait pris sa tasse pour aller dans un coin du café. Sans doute pour être une fervente spectatrice de ce qui allait se produire. Le jeune homme s'était encore plus rapproché. « Je peux m'asseoir ? » Je n'avais pas répondu, j'étais figée. Il souriait en  coin. Maddie me fit des signes de tête. « Euh...oui. » Sinon elle allait sans doute venir m'étriper. « Un thé glacé en hiver... c'est audacieux... » Je commençais à être mal à l'aise. « Enfin, je ne dis pas ça pour critiquer, j'aime bien les choses qui sortent de l'ordinaire. » Merci, j'étais donc un monstre de foire. Je ne répondis rien, les yeux rivés sur mon verre et les glaçons qui flottaient. « Vous êtes venu pour vous moquer de moi comme tout le monde ? » Fis-je dans un murmure. « Non pas du tout. Je ne vois pas pourquoi je me moquerai de vous, vous êtes ravissante, un brin de fantaisie et vous êtes audacieuse. Je vous ai vu à la télévision le jour où vous avez succéder à vos parents... » Je relevais doucement le regard vers lui. Oui il n'était pas mal, et il avait l'air gentil. « Pourquoi je l'ai bien vu dans vos yeux ce jour là... » « Quand j'ai touché votre peau ? Oui, parce que je m'attendais pas... » « … à ce qu'elle soit froide comme la glace. » Il grimaça. Il avait l'air gêné. « Je ne vous en veux pas, tout le monde me considère comme un monstre. » « Il ne faut pas dire ça. Vous n'avez rien d'un monstre, ou alors vous êtes le plus beau monstre que j'ai vu. » « Vous me draguez ? » Déclarais-je en l'observant et il rigola légèrement. Je vis Maddie de loin qui levait les deux pouces en l'air comme un signe de victoire. Je me sentais bien à ses côtés. Il s'appelle Carter, et je crois que ce jour-là j'ai ressenti un coup de foudre.