And all that starts can quit ❧ Vous connaissez ce moment ? Cet instant où tout, absolument tout ce que vous avez vécu et tout ce que vous connaissez vous revient en pleine figure ? Ces quelques secondes de souvenirs auxquels vous êtes obligé de faire face ? Cette partie de vous que vous aviez refoulée au plus profond, cette partie que même vous aviez oublié, ces petites particules que vous n’auriez jamais désiré ressortir, pas même une par une, aussi minuscule soit-elle, ces souvenirs qui n’étaient plus et qui soudain, refaisaient partie de vous comme si jamais ils ne vous avaient quittés. «
Vos parents ont eu un grave accident de voiture, ils nous ont malheureusement quittés. » Les mots restaient en suspend dans sa tête tandis que toute son enfance venait lui frapper le visage telle une gifle violente, tous ces souvenirs d’enfance qui ne lui convenaient pas, et puis ce qu’il était devenu, cette image dans le miroir qui lui faisait face, ces yeux rouge de colère et de haine qui le dévisageaient, cet homme qu’il n’avait pas désiré devenir. Le jeune homme se contint, refoula ses envies d’envoyer tout valser autour de lui et de planter son poing dans le mur ou même dans la face de ce médecin, médecin qui était venu lui annoncer la nouvelle comme si de rien n’était, comme si c’était normal. Deòrsa n’avait jamais aimé les hôpitaux, il les avait toujours trouvé froids, sans vie et déprimant, alors ça n’allait pas être la petite voix chaleureuse en compatissante d’un interne qui allait le réconforter ou encore l’aider à mieux prendre la nouvelle. Le jeune homme qui se tenait face à lui savait pertinemment bien à qui il s’adressait, un Fitzpatrick, héritier du nom et désormais de la célèbre entreprise du même nom. Il devait s’imaginer que ce gosse de riche était né le cul dans le beurre et une cuillère en argent dans la bouche, ce qui n’est pas faux, mais ce ne sont pas ces souvenirs-là qui assènent l’esprit de Deòrsa.
La première gifle qu’il se prit fut celle de la première fois où il appela sa mère « Maman » sauf que … ce n’était pas sa mère, c’était sa nourrice. Trop souvent en déplacements ou encore trop occupés à s’affairer pour l’entreprise, Bruce et Mary n’étaient que très peu présents pour leur enfant, un peu comme si ils ne l’avaient fait que pour assurer la relève et la continuité du nom Fitzpatrick à travers les générations futures. D’ailleurs, le petit garçon grandit seul et n’eut jamais de petit frère ou de petite sœur, tout simplement parce que ses parents n’en avaient pas éprouvé le désir et que leur enfant ne les avait jamais suppliés pour avoir un compagnon de jeu. C’est donc sa nourrice qui l’éleva durant toute son enfance, et son premier « Papa » n’apparut que lors de sa troisième année, alors qu’il parlait déjà, un peu comme si ce mot n’avait jamais fait partie de son vocabulaire et qu’on ne l’avait jamais poussé à le prononcer.
La deuxième fut celle due au fait que malgré tout cela, il s’était attaché à ses parents et que tout en grandissant de son côté, il avait essayé d’attirer leur attention, par quelque moyen que ce soit. Au début, c’était avec des résultats scolaires, ensuite ce fut par des coups de fils le la police à sa résidence signalant qu’une caution pour leur fils devait être payée afin qu’il recouvre la liberté, sauf qu’aucun d’eux ne vint jamais en personne pour le sortir de là. Ensuite, il décida tout de même de se lancer dans des études de management et gestion d’entreprises, sans même que son père n’ait à le lui demander ou à l’inscrire à sa place. Il réussit même avec brio et fut dans les premiers de sa promo à être proclamés. A ce moment-là seulement, Bruce Fitzpatrick se souvint qu’il avait un fils et que celui-ci avait réussi, et que malgré qu’il veuille garder lui-même la main mise sur son entreprise, il était temps d’y faire entrer son fils. Un fils qui ne se révéla pas être des plus mauvais et qui faisait même avancer l’entreprise dans son temps, de quoi leur permettre de rester dans le coup et de toujours garder la tête haute face à toutes les entreprises mondiales. Il n’en aurait pas fallu plus pour que Deòrsa ait enfin sa place dans la famille, famille que jusqu’ici il avait un peu vu comme une secte dans laquelle il ne parviendrait jamais à entrer. Il avait fallu qu’il devienne adulte, et même plus pour que ses propres parents daignent lui porter de l’intérêt et le reconnaître à sa juste valeur.
La troisième et dernière gifle n’était autre que celle-ci : en dépit de toutes ces années gaspillées et de ces efforts fournis, utiles ou non, désastreux ou non, dangereux ou non, Deòrsa n’était pas devenu lui, mais il était devenu quelqu’un qui serait à l’image de ses parents, quelqu’un de digne de porter le nom des Fitzpatrick. Il avait fini par envoyer ces vingt-trois années aux oubliettes, et s’était contenté de ce qu’il avait au moment-même. Un peu comme se sa vie de famille n’avait commencée qu’à ses vingt-trois ans et qu’il devrait se contenter de tous les moments qui lui seraient offerts à partir de ce moment précis.
Le jeune homme mit un certain temps avant de revenir à la réalité, laissant ses pensées derrière lui. La suite se passa très vite, il avançait tel un automate, récupérant les quelques effets personnels de ses parents, remplissant et signant une flopée de papiers plus insignifiants pour lui des uns que les autres. Il finit par rentrer chez lui en taxi, après avoir fait un détour par le nord de la ville, où il se procura de quoi oublier tout cela pour un bon bout de temps.
We run things, Things don’t run we Don’t take nothing from nobody ❧ « Sortez » grogna-t-il telle une bête. Dans la pièce, il y avait Lux et Archibald, entourés d’autres domestiques insignifiants. Aux dires et au ton qu’avait employé leur maitre, ils restèrent tous de marbre, pétrifiés, incapables de faire un pas ou encore de bouger un bras. Fitzpatrick décida alors de changer de tactique. Il se retourna dans son fauteuil d’une personne et les regarda dans les yeux, tout en employant une voix plus calme et posée, il répéta ses mots
« Je vous ai demandé de sortir. » tout en y allant crescendo et en assistant bien sur le ton sec de la fin. Ce n’est qu’alors que les personnes présentes se remirent en mouvement. Lux voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais Archibald l’en empêcha en l’attirant avec lui vers la sortie. Il avait bien fait.
Une fois seul, le jeune homme se traina difficilement jusqu’à son bar, c’est transpirant et suffoquant tel un asthmatique qu’il peina à se servir un verre. Bien que son esprit lui assenait de se servir un verre de whisky, il se fit violence et refoula son envie au plus profond de lui. Ces bouteilles avaient été mises sous clé et pourtant, il y a quelques semaines, il n’avait pas tenu et il avait cassé la vitrine à poing nu, ce qui lui avait valu des points de suture tout aussi douloureux que l’impact et le contact avec sa chair et les morceaux de verre. Il fit la moue et se servit un verre d’eau, se dirigeant ensuite vers les portes coulissantes de sa chambre avant de s’affaler sur les draps de soie qui recouvraient son lit de plus de deux mètres sur deux. Au milieu de ces draps de milliers de dollars, il ne manqua pas de renverser le contenu de son verre avant de boire ce qu’il en restait. Tout en fixant son plafond, il tenta de se contenir, tout en essayant de ne pas se concentrer sur la douleur. Une douleur qui l’arrachait de l’intérieur, une douleur qui lui brûlait les tripes et lui donnait la nausée à longueur de journée. Deòrsa déboutonna les premiers boutons de sa chemise, un peu comme si ce geste le délivrerait d’un certain mal, mais plus les minutes passaient et plus il était présent. Moins il essayait d’y penser et plus le mal était présent, plus il essayait de ne pas craquer et plus l’envie était présente. Sa gorge était à la voix sèche et pâteuse, le sang qui coulant dans ses veines était bien trop liquide et circulait à une vitesse hallucinante qui lui donnait le tournis. Son cœur pompait et pompait encore, sans jamais s’arrêter, au fur et à mesure de ses passages, il se purifiait, mais chaque passage le rendait fou et l’envie de mettre fin à ses jours le prenait de plus en plus. Ce combat fut celui d’un sevrage intense et d’une lutte acharnée contre la vie. Sans rien demander à ceux qui l’entouraient, il se lança dans cette aventure à cœur et âme perdus, bien qu’en n’en disant rien, tout le monde savait ce qu’il s’y passait, et une sorte d’aide en chaine s’était installé, cela avait commencé par Lux, et s’était étendu à toute la maison. Cela enrageait encore plus Fitzpatrick, mais ils ne lui laissèrent en quelques sortes pas de choix, sauf quand ce dernier se mettait parfois en rogne et les excluait de sa bulle, de son univers.
Lentement mais surement, le dernier Fitzpatrick du nom avait fini par remonter la pente. Il craqua quelques fois, mais mois après mois, ses efforts se faisaient ressentir. Ses frasques et abus d’alcool et de drogue avaient fait scandale dans la presse mondiale, et lui avaient également values sa place à la tête de l’entreprise. Cet événement ayant été la goute de trop, il avait entrepris cette démarche seul. Un long parcours restait encore à traverser avant de retrouver la place qui lui revenait de droit, mais les écrous étaient enclenchés et le mouvement allait suivre. Durant cette même période, une idée lui avait germée en tête et sa confection était déjà bien établie dans son esprit. Entre ses moments de folie, il avait pris des notes et appelé certains contacts. Ce jour-là, il demanda à Lux et Léo de le rejoindre dans son bureau, un bureau qui en réalité était plus aménagé tel un salon qu’autre chose. Audacieux mais déterminé, il leur lança son idée, celle de créer un réseau de call-girl. Lux en était déjà une, il avait d’ailleurs déjà fait appel à elle à de nombreuses reprises. Léo quant à lui était un ancien stagiaire de l’entreprise Fitzpatrick, viré pour une faute moindre et Deòrsa l’avait récupéré et intégré chez lui. Il proposa à la jeune femme d’y participer en lui ramenant des jeunes filles belles et raffinées, il désirait tout sauf du vulgaire. Il confia à Archibald la tâche de contacter des hommes d’affaire qui seraient intéressés par ce genre d’extra, il se chargerait également d’être leur hôte, d’être présent pour eux lors des soirées effectuées, de garder leurs verres de champagne pleins et de leur proposer de petits mets soigneusement préparés par son personnel. En bref, il se ferait passer pour lui, mais toute personne s’y présentant sachant pertinemment qu’un aussi jeune homme aussi frêle ne pouvait se trouver derrière tout cela. Contre toute attente, ils acceptèrent ses propositions.
this is my empire and i'm the master of all these souls « Les épaules et le dos droit, la tête relevée, le sourire aux lèvres, un sourire charmeur, Camille. » le maitre s’interrompit quelques secondes, alors qu’il faisait le rappelle pour toutes ses demoiselles, rappelant Camille à l’ordre. Elle s’appliqua aussitôt et mit une once de charme dans son sourire.
« Je veux voir dans vos yeux la séduction et la force, mais n’oubliez pas, ils doivent avoir l’impression de vous séduire également. » Il s’exprima clairement et distinctement, passant devant les filles qui se tenaient droites devant lui. Au besoin, il posait la main sur l’une ou l’autre pour la redresser, enlever un pli sur sa robe ou encore replacer correctement la dentelle finissant sur leurs cuisses. Avant chaque soirée organisée, il répétait inlassablement son sermon et ses ordres. Tout devait être clair et aucun écart ne serait autorisé. Ses demoiselles étaient bien habillées, classes, leurs robes leurs collaient au corps, s’arrêtaient au-dessus de leurs genoux mais n’en étaient pas mini pour autant, une justesse de délice, un pincement de sexy, un mix ajouté à leur charme et ses femmes fatales étaient nées. Elles lui appartenaient, toutes, vivaient sous son toit, étaient blanchies et nourries, protégées, gâtées, mais elles étaient confinées dans l’espace de sa villa. Fitzpatrick était froid et distant avec elle, il les sélectionnait selon leur beauté et leur charme, il savait que les talents de séduction viendraient avec le temps. Au fil des semaines, il les voyait évoluer et devenir de vraies femmes capables de vous coucher un homme en quelques secondes à peine. Toutes le respectaient et aucune n’osait lui poser de questions personnelles. Il était leur maitre, leur gourou, leur mentor. En retour, il les traitait avec respect, malgré qu’il l’en envoie dans la gueule du loup quelques soirs par semaine. Son réseau fonctionnait à merveille et son secret restait scellé entre le clan restreint se composant de ses demoiselles, de ses domestiques et de ses clients. Tous savaient qu’un homme puissant et respectable tirait les ficelles. Fitzpatrick ne s’y rendait jamais, se contentant d’observer le spectacle d’en haut, tarit dans l’ombre, se contentant de tenir les rennes à l’écart. Si quelque chose venait malheureusement à mal tourner, il s’en chargeait personnellement et le réglait par la force ou le chantage. Rares étaient ceux qui avaient vu son visage et pourtant, son nom, son surnom, était sur toutes les lèvres.
Deòrsa tenait le tout d’une main de maitre et dirigeait cela tel un roi régnant sur son royaume. Obsédé par le contrôle et la tenue, rares étaient les écarts qui étaient faits et pourtant, certaines choses lui filaient parfois entre les doigts. Mais ses couloirs résonnent et les petits ragots circulent vite, ce fut par Mary qu’il apprit la nouvelle. Son sang se glaça aussitôt au sein de ses veines et son teint vira au rouge vif. Ce n’est qu’après avoir inspiré à nouveau que Deòrsa se leva de son siège en cuir, contourna son bureau et se dirigea vers l’aile est de sa villa, celle réservée aux filles. A son passage, beaucoup s’arrêtèrent, comme surpris par sa présence et soudain soumis sous son regard, un regard puissant et plein de colère. Il faut dire, rares étaient les fois où il s’aventurait dans cette partie. Bien que lui appartenant, cet espace était réservé aux filles, c’était leur endroit, et il leur ressemblait. Sans frapper à la porte, il entra dans la chambre. La jeune fille se rhabillait, entourée de quelques domestiques, elle lui faisait dos.
« Laissez-nous, je vous prie. » s’exprima-t-il alors, après avoir repris son calme et sa droiture. Lux s’était retournée, surprise par cette interruption dans sa chambre, elle se rhabilla en vitesse.
« Monsieur … » tenta-t-elle de s’interposer, mais bien que cela s’était passé très vite, Deòrsa avait remarqué les bleus et marques de doigts qui recouvraient le corps de la belle blonde, il la coupa.
« Je ne crois pas que tu sois en droit de parler, Lux. » il était énervé et son ton était glacé, Lux baissa le regard. Malgré tout, il se sentait coupable et laissa quelque peu retomber la tension qui régnait dans la pièce.
« Assieds-toi … » lui proposa-t-il en lui désignant le bout du lit avec la paume de sa main ouverte au ciel. Elle s’exécuta et lentement, il s’approcha d’elle. Sans mot dire, il se posa à ses côtés et déposa une main délicate sur sa peau, une peau qu’il connaissait presque parfaitement. Doucement, il fit retomber sa bretelle avant de tirer le haut de sa robe, décrochant la tirette de ses écrous, centimètre par centimètre. Pour sa seconde fois, ses yeux se posèrent sur les traces de prises qui s’étaient collées à sa peau. Il les effleura à peine qu’elle frissonna.
« Pourquoi ne m’as-tu pas dit avant ? » lui demanda-t-il, soudain plus calme et tendre. La règle était pourtant claire. Aucun client ne pouvait dépasser les bornes et ne pouvait abuser d’elles, ni même leur faire de mal, sans quoi elles devaient le prévenir en personne le plus vite possible. Aucun rapport de ce genre ne lui était jamais revenu, jusqu’à aujourd’hui. La solution fit alors éclair dans sa tête.
« Inutile de te préparer pour ce soir, tu n’iras plus. » Lux voulu protester mais se ravisa en rencontrant le regard peiné de son maitre. Intérieurement, il s’en voulait terriblement. Ce soir-là, il l’avait vue, il savait que quelque chose était louche, mais il lui avait laissé le bénéfice du doute et l’avait laissée filer. Le lendemain, le compte de Monsieur Thomson fut réglé, et Lux fut assignée au rang de domestique et secrétaire personnelle de Fitzpatrick. Jamais plus ils ne reparlèrent de cette histoire. Seulement désormais, il lui manquait une fille, et il allait bien falloir la trouver quelque part.
Then I looked into your eyes then knew today will be a first for me, the day I fall in love ❧ La remplaçante de Lux, il l’avait trouvée en la personne de Rose. Cruel mais fidèle à lui-même, il l’avait enlevée à son propre père, presque arrachée même. Elle était ici contre son gré et cela se faisait ressentir, et pourtant, Deòrsa faisait son possible pour qu’elle s’y sente bien. Malgré tout, cette jeune femme l’intriguait et le surprenait avec son regard perçant qu’elle savait lui lancer parfois et par cette fougue qui parcourait ses veines à chaque seconde. Elle le testait, lui tenait même parfois tête, mais Fitzpatrick ne cédait pas, tout du moins pas directement. Plus vite que les autres, elle eut droit à certaines concessions de sa part, ayant accès à diverses pièces, divers loisirs et pouvant même sortir, à de rares occasions, pour faire des courses. Peut-être s’en rendait-elle compte, peut-être pas, mais il cédait à ses caprices, ou en tout cas, essayait de lui faire plaisir. Oui, c’était cela, il essayait de lui faire plaisir. Il l’avait arrachée à son père, mais ce qu’il prenait lui appartenait. Il la possédait comme toutes ces autres, et il était incapable de la rendre. Elle était son objet, un objet tellement plein de séduction et de fatalité, une femme qui s’était libérée avec le temps et qui, comme beaucoup d’autre, était devenue une réelle tigresse qui sortait ses griffes une fois le soir venu. Sans même le voir venir, elle était à son tour devenu l’objet de tous ses désirs, et Fitzpatrick ne touchait que très rarement ses filles. Pendant tout un temps, il s’était contenu, et ses moments de contemplation qui se déroulaient d’ordinaire lors de ses soirées s’étaient transformés en moments d’observation. Bien que son regard parcourait toute la salle, ses yeux se posaient presque quasiment toujours sur Rose, et son client, Alec. A la simple énonciation de ce prénom dans son esprit, les poils de son corps s’hérissèrent et sa mâchoire sa crispa. Dans ses mains, même son verre de vin trembla et manqua de se briser sous ses doigts.
Plus les soirées passaient, plus il méprisait cet homme, mais aussi plus il l’enviait. Les semaines passant, il se retenait de jour en jour, d’heure en heure et de minute en minute mais l’envie et le besoin devenaient de plus en plus présent. Un jour, il finit par décider de la retirer du réseau, par simple jalousie. Elle était sienne et personne ne la lui prendrait. Quelques soirs plus tard, il demanda à ses domestiques de la préparer et qu’elle vienne le rejoindre dans ses appartements. Pas ses appartements à proprement dit, ceux situés dans l’aile ouest de la villa, mais ceux qu’il utilisait pour y inviter des personnes lorsque l’occasion se présentait. Lorsqu’il la vit passer sa poste d’entrée timidement mais une pointe de retenue dans le regard, il la trouva assurément belle et si étincelante dans sa tenue et sa droiture. Comme pour s’excuser de son geste, il lui annonça qu’il avait un cadeau pour elle, et lui présenta un coffret contenant un collier parsemé de pierres précieuses. Elle se tourna pour qu’il le lui mette et cette proximité l’excita quelque peu. Ses doigts se posèrent sur sa nuque et son cœur se mit à battre plus vite. Son souffle s’allongea le long de sa peau hérissée et bientôt, ses lèvres s’y posèrent. Des mois qu’il se retenait, des mois qu’il la désirait et la voulait exclusivement. Ses désirs allaient enfin être assouvis, et elle s’y plierait.
Depuis ce jour et assez régulièrement, ils dinaient ensemble, et passaient ensuite, parfois, la nuit ensemble. Etrangement, cette routine qui s’était peu à peu installée entre eux ne les dérangeait pas, que du contraire. Aucun ne se lassait et chacun en redemandait. Deòrsa voulait de plus en plus lui faire plaisir, mais ne savait pas très bien comment y arriver. Il avait beau faire appel à Lux et Léo, les règles étant très strictes, les idées s’épuisaient peu à peu et il ne resterait bientôt plus rien qu’il ne puisse lui proposer. Tarit dans l’ombre de son aile ouest, Fitzpatrick ne cessait de se faire du soucis.
« Et si elle partait, et si je ne lui suffisais pas ? et si elle n’avait qu’une envie, celle de retrouver son père ? » il s’exprimait à voix haute, seul.
« Je ne suis qu’un monstre pour elle ! » énervé, excédé, Deòrsa envoya son verre qui s’éclata dans le miroir face à lui. Il y contempla son reflet, un reflet difforme et cassé, un reflet qui reflétait l’intérieur même de son être.
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